256 variations de l’octet

Kévin Zanin, dnsep 2015-2016

Ce diplôme est un projet avant tout spéculatif et manifeste, où une recherche prospective aboutie à la création d’un objet graphique qui sans cette démarche n’aurait pas vu le jour.

Avec l’avènement de l’informatique, notre mémoire est confrontée à une fragilité nouvelle. Les supports actuellement utilisés ont une durée de vie qui se compte en décennies et des supports de stockage ont déjà disparu. Cela est d’autant plus préoccupant que nous avons fait le choix du tout numérique et en particulier du cloud.

Or toutes ces technologies reposent sur un langage numérique, un code, le binaire. La force de ce langage est d’être indéformable. Ce qu’un capteur numérique a saisi et traduit en impulsions électriques puis en 0 et 1 par la numérisation, aura toujours la même signification, il n’y a pas d’ambiguïté possible. C’est de l’information « pure ». Il y a un donc un paradoxe entre la force que représente le langage numérique et son incarnation physique sur des supports fragiles et volatiles.

Cependant puisqu’il s’agit d’un langage, il est tout à fait possible de le transposer sur d’autres supports. — tel est le postulat de départ — En particulier des supports présentant une meilleure résilience face au temps comme la pierre ou bien encore le papier qui est l’hypothèse que j’ai décidé d’investir et de développer au sein de ce diplôme.

Ce projet tente donc de répondre aux problèmes de la fragilité des supports numériques, en présupposant que le langage numérique peut se transposer sur un support papier. Si toutefois ceux-ci sont pensés dans leurs formes pour optimiser l’espace, la lecture — à la fois humaine et mécanique — et répondre aux problématiques de l’archivage au long terme.

Mon attention a donc été d’optimiser l’information imprimée sur papier en comblant la table ASCII dans un premier temps puis en la replaçant par un nouveau système.

L’objet final prend la forme d’un système de signes et d’une proposition d’encodage d’images sur papier. Le système reprenant les 256 variations possibles de l’octet — de 0000 0000 à 1111 1111 — Ce signe peut être lu mais également écrit, redonnant un contrôle de l’homme sur la machine et donnant une forme à un langage qui n’a jamais eu que des formes « pratiques ».

Contacter Kévin Zanin :

kevinzanin.com