Exposition «XXI XIX», Biennale de design graphique de Chaumont, Le Signe centre national du graphisme, 2017

Troisième année, 2017

« Et peut-être, après tout, les contemporains du rédacteur de ce récit n’avaient-ils pas inventé davantage. Peut-être n’avaient-ils fait que refaire, eux aussi, le chemin parcouru par d’autres humanités venues avant eux sur la terre. »
— Jules Verne, L’éternel Adam, 1910

Fraipont et Moreau, Enghien-les-Bains, 1890

XXI XIX est un projet regroupant les travaux d’étudiants en design graphique de l’ESAD Reims et l’ÉESAB Rennes, réalisés durant l’année scolaire 2016-2017 et coordonnés par Sonia da Rocha, Brice Domingues et Benjamin Gomez (enseignant à l’ÉESAB Rennes). Les projets exposés à l’espace Tisza Textile Packaging, dans le cadre de la Biennale de design graphique de Chaumont 2017 ont été élaborés à partir d’une sélection d’affiches issues du fonds Dutailly conservé aux Silos à Chaumont. Constitué par le politicien, biologiste et collectionneur Gustave Dutailly (1846—1906), celui-ci regroupe notamment un vaste ensemble d’affiches françaises du XIXe siècle conçues par des auteurs tels que Pierre Bonnard, Jules Chéret et Henry de Toulouse-Lautrec.

Le projet XXI XIX trouve son origine dans la période historique du XIXe siècle marqué par la révolution industrielle et l’apparition d’une culture du spectaculaire (foires, etc.). C’est en 1880 que le développement de la publicité commerciale s’intensifie, créant de nouveaux besoins en communication, ceux de nouveaux caractères aux formes plus expressives — les caractères dits de titrage. Ces nouvelles formes, pour la plupart issues d’hybridations, convoquent « le monstrueux et le difforme » en comparaison d’une culture typographique liée à la « belle forme ». Ainsi l’exubérance et la liberté formelle des lettrages présents sur les affiches du fond Dutailly s’inscrivent dans cette dynamique et dans celle des premiers moments de l’art nouveau.

Le projet XXI XIX se réfère également à cette fin de siècle ponctuée par l’invention du cinématographe des frères Auguste et Louis Lumière en 1895. Moment qui voit cinq ans plus tard la première utilisation d’intertitre dans le film de Cecil Hepworth, How It Feels to Be Run Over (Ce qu’on ressent quand on se fait écraser). Celle-ci amorce alors l’élaboration d’une narrativité spécifique au cinéma prenant en compte le statut du spectateur à l’image d’un « lecteur actif ». Au travers du hors champ, activé par « une lecture spectatorielle » alternant image filmique et image typographique.

Photogrammes tirés du film How It Feels To Be Run Over, Cecil Hepworth (réal.), 1900

C’est par un regard contemporain du design graphique que cette richesse typographique a été questionnée. Dans un premier temps avec un travail de recréation typographique ou « revival ». Et dans un second temps par un travail de mise en forme filmique interrogeant l’intertitrage comme possible moyen de monstration de ces caractères. Enfin chaque étudiant a fait dialoguer forme et « histoire » à partir d’une matière textuelle choisie en écho aux différents contenus étudiés.

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Avec la participation de : Seul Kim, Mathilde Moglia, Juliette Le Ny, Caroline Gorius, Arnaud Epagneul, Mathilde Quentin, Louise Smart, Margaux Lebret et Charles Renault (design objet).
En collaboration avec les étudiants de l’EESAB Rennes et Benjamin Gomez enseignant en design graphique et typographie à l’EESAB Rennes.

Vues de l’exposition «XXI XIX» au Signe

Catalogue de l’exposition «XXI XIX», 2017, 210mm x 297mm, 240p.

L’ensemble des caractères dessinés par les étudiants est visible sur le site web du projet.